Andrea Iacovella
Francis Kalifat à Roanne, pour lutter contre l’antisémitisme sous toutes ses formes
Dernière mise à jour : 23 déc. 2021
L’Assemblée Nationale a voté, le 3 décembre 2019, la définition dite opérationnelle pour lutter contre l’antisémitisme sous toutes ses formes
Ce jeudi 12 décembre, j'ai assisté à la conférence sur le thème « L’antisémitisme, un mal français ? » de Francis Kalifat, président du Crif, invité par l’ACIR. L’exposé a clairement indiqué que Non, bien entendu, l’antisémitisme n’est pas une spécificité française.
L’antisémitisme est un délit et non pas une opinion. Il est une forme de haine parmi d’autres comme le racisme, l’homophobie, la violence faite aux femmes...
Le président du Crif a rappelé l’augmentation des actes antisémites et les derniers chiffres ; alors que les juifs représentent 1 % de la population française, les actes antisémites représentent 50 % des actes de discriminations.

Aujourd’hui l’antisémitisme en France a trois origines différentes :
- l’extrême-droite, dans la continuité de sa doctrine historique, puisée dans le vieux fond catholique intégriste ;
- l’islamo-gauchisme qui apparaît à l’extrême-gauche ;
- le salifisme dans ses formes variées.
Tout en soulignant que les auteurs sont très peu nombreux, l’augmentation importante de ces dernières années appelle à une plus grande vigilance et à une tolérance zéro.
La définition opérationnelle de l’IHRA
L’évolution des formes de l’antisémitisme appelle de nouveaux outils pour détecter au plus tôt, les actes de haine qui en découlent. C’est en ce sens que la France a voté en 2016, la définition dite opérationnelle de l’antisémitisme, élaborée et discutée par l’Alliance internationale pour la mémoire de l’Holocauste (IHRA). Cette définition, assortie d’exemples, est un guide destiné à mieux identifier les violences antisémites. La résolution a été adoptée à une très large majorité le 1er juin 2017 par le Parlement européen. À ce jour, cette définition est utilisée par 20 pays, dont 16 membres de l’Union européenne.
En février 2019, le président Emmanuel Macron a annoncé que la République française endossait officiellement cette définition.
Depuis lors, elle est utilisée dans les formations à destination des policiers, des gendarmes et des magistrats par la Dilcrah (délégation interministérielle à la lutte contre le racisme, l’antisémitisme et la haine anti-LGBT) et le ministère de l’intérieur.
La délibération française du 3 décembre 2019
Suite à l’engagement du président de la république, le 3 décembre 2019, l’Assemblée nationale a examiné et approuvé une délibération dans laquelle elle « Estime que la définition opérationnelle utilisée par l’Alliance internationale pour la mémoire de l’Holocauste permet de désigner le plus précisément possible ce qu’est l’antisémitisme contemporain ».
Cette définition n’est pas juridiquement contraignante et ne modifie en aucune façon le code pénal ou la loi de 1881 sur la liberté de la presse. En revanche, son adoption par l’Assemblée nationale revêt une valeur symbolique, de rappeler la détermination de la représentation nationale à lutter contre l’antisémitisme sous toutes ses formes.
La résolution n’interdit pas la critique de la politique de l’Etat d’Israël, elle est un instrument supplémentaire qui permet de mieux décrypter la haine à l’encontre des juifs, y compris lorsque celle-ci se déguise sous le terme d’« antisionisme ».
Andrea Iacovella