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  • Photo du rédacteurAndrea Iacovella

La maladie infantile du Collectif 88%

Dernière mise à jour : 15 août 2023

Membre du Conseil Municipal de Roanne depuis mars 2020, je siège dans l’opposition au Maire, Yves Nicolin et à la majorité municipale qu’il représente. Je m’exprime ici sur les récents événements qui ont conduit le Collectif 88 % à écrire au procureur de la République quant à des soupçons d’illégalité au titre de l’article 40, sur de possibles conflits d’intérêts, mettant en cause le Maire de la ville.









Les Annonces

L’annonce a été rendue publique par la presse : «Des délibérations signalées à la justice », titrait Le Pays Roannais du Jeudi 25 mai dernier, en sous-titre « Les élus roannais de 88% s'interrogent sur la conformité de certaines décisions de la Ville et de l'Agglo », a suivi « Yves Nicolin accusé de conflits d’intérêts », titrait en grosses lettres La Tribune-Le Progrès de Roanne du mardi 6 juin 2023. Et de préciser dans l’article correspondant, que les trois membres du Collectif 88 % ont écrit au procureur de la République, car ils s’interrogent sur les délibérations du conseil municipal de Roanne et de Roannais Agglomération « qui pourraient générer des conflits d’intérêts »… plus loin, l’article cite Franck Beysson (conseiller municipal du collectif 88%) : « C’est une position et un courrier transmis au nom du collectif. On se pose des questions en raison de la proximité des personnes. On a saisi le procureur pour qu’il vérifie s’il n’y a rien d’illégal et éventuellement diligenter une enquête avec des moyens qu’on n’a pas ».


Le Collectif 88 % entre justice binaire et enjeu politique

Sur le fond, plusieurs questions sont posées, mais en l’état, le courrier adressé au procureur suspend tout débat public en attendant la suite que donnera la justice. A la différence de la politique qui en démocratie, offre un avenir toujours renouvelable, la justice est bâtie sur un mode binaire, c’est oui ou c’est non, vous êtes coupable ou innocent, fermez la ban.


Faire appel à la justice implique une double responsabilité, suspendre le débat public des faits reprochés et participer par là à une forme de suspension de l’efficacité du politique. Sous cet angle, le geste du Collectif 88 % est politique.


En attendant la décision du Parquet de Saint-Etienne, s’il y a lieu d’ouvrir une enquête et son déroulement dans le temps, ou de procéder à un classement sans suite ab initio, le moment est opportun de revenir sur l’attitude qui a conduit le Collectif 88 % à une telle extrémité.


Conséquences politiques du Collectif 88 %

Une question se pose à la lecture des articles parus dans Le Pays du 26 mai et de La Tribune du 6 juin, qui relatent plusieurs faits signalés dans le courrier adressé au procureur : pourquoi ces faits n’ont-ils pas fait l’objet de demandes d’informations avec le maire et l’administration municipale, avant de faire l’objet d’une annonce publique ?

Si, comme le relate Le Pays roannais du 25 mai, « les élus roannais de 88% s'interrogent sur la conformité de certaines décisions de la Ville et de l'Agglo », pourquoi ne pas avoir effectué des démarches auprès du Maire pour exposer leurs interrogations, avant de déclencher le signalement à la justice ?

Les conseillers municipaux ont toute légitimité à demander des informations et des documents.


Il n’y a pas lieu de se méprendre sur mon propos, puisque la décision est désormais du côté de la justice. Mon propos restera politique.


Le doute sur l'administration communale

D’abord parce qu’une telle annonce, en l’état, qui vise le Maire de Roanne, implique des témoins ou des complicités et jette le doute sur l’administration communale et par là, sur ses employés. En l’absence d’échanges d’informations sur les faits reprochés, avec le principal intéressé, qui est dépositaire de l’autorité municipale, le risque couru est une éventuelle suspension de confiance publique à l’égard de l’appareil administratif communal et une pierre jetée à la figure de l’autorité républicaine. Nous sommes là en plein dans le champ des conséquences politiques de la façon d'opérer du Collectif 88 %.

Installer un climat politique d’extrême tension

Autre conséquence politique majeure sera dans le choix binaire retenu par le Parquet de Saint-Etienne. Si l’affaire est classée sans suite, c’est à dire qu’il n’y a pas d’affaire, la majorité municipale est assurée d’un avenir sans pareille pour les prochaines années. S’il y a ouverture d’une enquête, le temps que celle-ci donne des conclusions, l’ambiance politique à Roanne sera tendue, autant dire que la politique Roannaise se réduira à un face à face Majorité municipale et Collectif 88 %. Ce sera une longue période où les tensions, la méfiance, les frustrations renforceront les réactions de clan et éclipseront le débat politique sur les véritables enjeux du territoire et de la ville de Roanne. Dans un cas, comme dans l’autre, les faits installent un climat politique d’extrême tension jusqu’à la prochaine élection municipale de 2026.

La démocratie locale a beaucoup à perdre dans cette situation.


Que faut-il entendre dans cet acte du Collectif 88 % ?

Une certaine impréparation dans les arguments avancés, une façon de procéder dans le secret, jusqu’à ne pas aller vérifier la documentation et poser les questions au Maire, une précipitation à occuper l’espace politique d’opposant à la majorité municipale ?







Offensive médiatique de la Nupes roannaise

Suite à une conférence de presse des partis politiques réunis au sein de la Nupes, la presse titrait :

« La Nupes veut capitaliser sur la dynamique des législatives » La Tribune-Le Progrès de Roanne du jeudi 1er juin 2023, citations : « riche de la dynamique enclenchée lors des législatives 2022…la Nupes a créé une dynamique au plan national et local…la Nupes voit plus loin avec en ligne de mire les municipales 2026… et de conclure … A Roanne il y aura sûrement une liste commune, une plateforme commune aussi. … »


La même conférence de presse est relayée par Le Pays Roannais du même Jeudi 1er juin 2023 « La gauche resserre ses rangs » citation «...il y a nécessité d’aller plus loin dans le rassemblement d’un plus grand nombre de citoyens …à 30 % du corps électoral, on ne gagnera pas, mais on peut élargir, le corps électoral n’est pas figé, il y a d’autres forces à aller chercher à gauche. C’est ce grand rassemblement qui a fait gagner à gauche le font populaire en 1936... Et le journaliste de commenter, Doit-on entendre derrière ces paroles un rendez-vous pour les prochaines municipales à Roanne ? … Les municipales sont certainement une priorité, confesse Ismaël Stevenson.


Ambition hégémonique de la Nupes sur Roanne

Ces annonces faites à quelques jours du courrier adressé au procureur, par le Collectif 88 %, sont on ne peut plus claires : le Collectif 88 % assume son rôle de courroie de transmission de la Nupes. L’impréparation du dossier, les risques politique encourus et la précipitation du Collectif 88 %, s'enchaînent aux propos de la Nupes pour occuper le rôle de leader de l’opposition à la majorité municipale. Si l’objectif politique du Collectif 88 % avait été de « mettre le citoyen au cœur de la démocratie », comme le Collectif le prétend, il est évident qu’il n’aurait pas fait courir autant de risques à la démocratie locale pour la période à venir, et se seraient entourés de garanties avant de déclencher une opération médiatique qui va laisser des traces dans l’esprit des roannais.

Virus 88 %

Tout au contraire, en prenant le risque d’un classement sans suite de la procédure engagée contre le Maire de Roanne, ou en cas d’ouverture, d’une situation de crise qui durera le temps de la procédure, le Collectif 88 % se transforme en Virus 88 % pour empêcher le dialogue démocratique dont la ville et le territoire ont besoin pour préparer le futur démocratique de Roanne.

« La politique doit résulter de l'observation précise, et non du sentiment et des préférences des uns et des autres, − de leurs espoirs politiques » Paul Valéry, 1936.


Faillite politique du Collectif 88 %

Le modèle de démocratie prôné par le Collectif 88 % qui aboutit à vouloir s’imposer dans le paysage local en instaurant des tensions durables, montre ses limites et ses faiblesses. La démocratie représentative qui nous permet aujourd’hui de siéger, garde toute sa responsabilité personnelle à l’élu devant les électeurs, tout autant que devant les institutions républicaines auxquelles il doit son autorité.


Lorsque Franck Beysson du Collectif 88 % déclare que :

  • le courrier adressé au procureur de la République « est une position et un courrier transmis au nom du collectif », il se défausse de son rôle d’élu et de sa responsabilité personnelle, pour laisser croire à la voix d’un sans nom "Collectif", derrière laquelle la Nupes est en embuscade ;

  • lorsqu’il dit « qu’on se pose des questions en raison de la proximité de personnes », il alimente l’idée d’une certaine légitimité du soupçon qui serait un indicateur de bonne conduite démocratique (hic !), sans avoir essayé d'engager le dialogue avec le Maire sur les informations nécessaires pour boucler le dossier ;

  • lorsqu’il ajoute qu’il demande de vérifier à ce qu’il n’y a rien d’illégal, il nous dessine la république dont il rêve, ça ressemble pourtant à un refrain largement usé, j’ai le droit de vous accuser, à vous de me prouver que vous êtes innocent.

  • Le Collectif 88% nous donne une idée de son programme politique !

Si le Maire de Roanne sort blanchi de cette tentative d’accusation, la faillite politique du Collectif 88 % aura enterré toute dynamique en faveur d’une opposition constructive pour l’avenir politique de Roanne. A l’opposé de la justice qui désigne des coupables et des innocents, la politique est la garantie d’un perpétuel recommencement.


Presse



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