Résumé en un clin d'œil
Date | Conseil Municipal du 8/02/2024 |
Sujet | La décision annoncée par le Maire de Roanne, de candidater avec une école de la Ville pour participer à l’expérimentation décidée par le Gouvernement, a été relayée par voie de presse, elle a fait l’objet de plusieurs commentaires. |
Intervenant | Andrea Iacovella |
Type intervention | Intervention écrite, mais sa lecture a été interrompue pour avoir dépassé le temps accordé à une intervention orale en séance publique. |
Résumé bref de l'intervention | L’expérimentation d’une tenue uniforme des élèves décidée par le Gouvernement pose une question qui n’est pas nouvelle, mais dans une situation où l’espace de l’école est de plus en plus soumis à la tyrannie de l’objet de consommation. Est-ce qu'elle suffira à imposer une distance pour favoriser l’apprentissage et la formation d’un esprit critique ? Probablement pas si on s’en tient à la seule présence ou pas d’une tenue uniforme, mais il nous revient de ne pas rester spectateurs devant ses effets, quitte à ne pas être prêts à affronter ses causes. |
Présentation
L'actualité d'une expérimentation de la tenue uniforme à l'école primaire s'est invitée au Conseil Municipal. La presse locale s'en est fait l'écho le mercredi qui a précédé le Conseil et le jeudi, jour même du Conseil. Des obligations m'empêchaient d'être présent à cette séance du Conseil Municipal, j'ai estimé que vu l'importance du sujet, initié par le Gouvernement et la décision du Maire de Roanne de candidater pour participer à l'expérimentation, je devais être présent et intervenir. Je suis arrivé légèrement en retard, sans avoir pris le temps de calibrer l'intervention.
Dans la bousculade, je n'ai pas maîtrisé la longueur de l'intervention qui dépassait les 3 minutes accordées par le règlement. Le Maire m'a interpellé en séance pour me faire remarquer que le temps accordé arrivait à sa fin, le texte lu en séance est donc tronqué de ses paragraphes de conclusions.
Je publie ici le texte complet, rédigé et corrigé après coup.
Texte complet de mon intervention
L’expérimentation d’une tenue uniforme des élèves, dans le cadre de l’activité scolaire fait débat. A juste titre puisqu’il s’agit d’un espace public, elle a toute légitimité à s’inviter en séance du Conseil Municipal.
La décision annoncée par le Maire de Roanne, de candidater avec une école de la Ville pour participer à l’expérimentation décidée par le Gouvernement, a été relayée par voie de presse, elle a fait l’objet de plusieurs commentaires. Pour les uns la tenue uniforme serait une menace au droit de se distinguer de ses semblables, pour les autres elle serait un moyen de contenir les jalousies et les frustrations éprouvées par le désir de posséder un bien qui ferait le bonheur d’autrui.
Connotations ineptes
Parler d’un vêtement, en parlant de l’uniforme, l’usage de la langue française renvoie à la notion d’uniforme militaire. Pour les uns l’uniforme militaire est connoté négativement, pour d’autres les terme serait l’expression de vertus. L’armée française est chargée de la défense de notre pays et de ses institutions, tout militaire a fait le serment du sacrifice suprême pour remplir la mission qui lui est confiée. Veillons à ne pas réduire ces réalités à un combat de mots par des métaphores abusives et des expressions ineptes.
Un marqueur social largement admis
La tenue uniforme des équipes sportives en compétition est un facteur de cohésion et de rassemblement reconnu et qui ne donne pas lieu à des polémiques, tout autant pour les pompiers ou les personnels de santé. Au-delà de l’émotion que suscite le mot, l’usage de la tenue uniforme s’est imposé depuis longtemps comme marqueur social pour exercer une fonction dans la vie civile
Se différencier dans l'espace public par l'attribut vestimentaire
Pour s’en tenir à la seule question formelle de la tenue, on poursuit avec la revendication à vouloir se distinguer dans l’espace public, c’est une question complexe :
le nazisme a collé des étoiles sur la poitrine de gens parce que précisément, rien ne les distinguait, de même pour les homosexuels, de même pour les opinions politiques, on les a différenciés pour mieux les regrouper (je n’insisterai pas)
aujourd’hui des attributs formels sont volontairement arborés et revendiqués pour affirmer une adhésion, voire une appartenance : les attributs vestimentaires font débat public depuis plusieurs années quant à l’intention d’exploiter l’espace public français protégé par des libertés, à des fins de prosélytisme religieux et de recrutement idéologique ;
Illusion de liberté ou tyrannie de la consommation de masse ?
Dans cette revendication à vouloir se distinguer il y a l’intention de faire usage de sa liberté.
Mais le vêtement ou l’attribut vestimentaire d’aujourd’hui a changé de nature. C’est un objet de consommation de masse porté par un marché économique qui dicte les caractéristiques, la valeur marchande, sa durée, son obsolescence, la date du prochain achat pour en renouveler les vertus supposées.
C’est l’emprise de ces codes sur la masse qui constitue un véritable obstacle dans les processus d’identification dans l’espace public. L’enfance, la jeunesse sont des marchés économiques spécifiques où sont conçus les attributs qui vont régenter l'espace public et atteindre les familles.
Former un esprit critique
L’illusion que détenir un tel symbole relèverait d’un choix personnel, demande la formation d’un esprit critique, pour affronter la charge de l’illusion accordée à l’objet de consommation de masse et de pouvoir se soustraire au sentiment de privation, de frustration, de rivalité, de jalousie, qui conduisent à un enfermement de l’esprit, qui parfois peut s’avérer tragique.
Former un esprit critique est le rôle de l’école.
Conclusion
Pour conclure ce billet, revenons à l’expérimentation d’une tenue uniforme des élèves décidée par le Gouvernement. Elle pose une question qui n’est pas nouvelle, mais dans une situation où l’espace de l’école est de plus en plus soumis à la tyrannie de l’objet de consommation. Je n’insiste pas sur les chiffres des actes de violences, des souffrances, des maladies, des tentatives de suicides chez les jeunes.
Est-ce que l’adoption d’une tenue uniforme des élèves suffira à imposer une distance pour favoriser l’apprentissage et la formation d’un esprit critique ?
Probablement pas si on s’en tient à la seule présence ou pas d’une tenue uniforme, mais il nous revient de ne pas rester spectateurs devant ses effets, quitte à ne pas être prêts à affronter ses causes.
Vidéo de la séance du Conseil Municipal du 8 Février 2024
Mon intervention lors de ce conseil à partir de 1:02:05 au compteur de la vidéo, le texte de l'intervention est tronqué, pour avoir dépassé le temps imparti en séance.
Voici le lien vidéo de la séance consultable ici
L' Ordre du jour du Conseil Municipal est téléchargeable ici